Passionné(e) d’écriture, mais lecteur/lectrice réticent(e) : Un paradoxe possible ?
Dernière mise à jour : 29 oct.
Dans l’univers littéraire, l’idée qu’un auteur ou une autrice puisse exceller dans son art sans être un lecteur ou une lectrice assidu(e) peut sembler farfelue, voire inconcevable.
Comment imaginer un créateur/créatrice d’histoires captivantes, de personnages inoubliables et de mondes immersifs s’il(elle) ne se plonge jamais dans les écrits des autres ?
Dans cet article, nous verrons que la réalité est plus complexe que ça.
Des auteurs ou autrices passionné(e)s par leur art existent bel et bien, et leur aversion pour la lecture ne semble pas les freiner dans leur élan créatif mais comment est-ce possible ?
L’inspiration jaillit de sources multiples
La source d’inspiration d’un auteur ou d’une autrice ne se limite pas aux livres. La vie quotidienne, les rencontres, les voyages, les films, la musique… Toutes ces expériences nourrissent la créativité d’un(e) écrivain(e).
L’observation minutieuse du monde et des gens devient une source d’inspiration inépuisable pour un auteur/une autrice qui n’aime pas lire. En analysant les comportements humains et en portant un regard attentif sur son environnement, il trouve des idées de personnages, d’intrigues et de dialogues.
Un imaginaire foisonnant est un atout inestimable pour un auteur ou une autrice qui lit peu. En se nourrissant de sa propre créativité plutôt que des œuvres d’autres écrivains, il ou elle peut inventer des histoires et des mondes d’une originalité unique.
Une oreille attentive est également essentielle pour celles et ceux qui ne lisent pas. En écoutant attentivement le langage parlé, les expressions familières et les nuances de ton, l’auteur peut enrichir ses dialogues et donner plus de vie et de réalisme à ses personnages.
Enfin, le sens du rythme et de la narration est crucial pour tous les auteurs et autrices, qu’ils soient lecteurs ou non. Captiver son public, maintenir le suspense, et mener habilement le récit jusqu’à son dénouement sont des talents qui ne se développent pas uniquement par la lecture.
Le travail et la persévérance : des piliers incontournables
N’oublions pas que le talent ne suffit pas à faire un auteur ou une autrice accompli(e).
Travail et persévérance sont également des éléments clés de la réussite. Un auteur ou une autrice qui n’aime pas lire peut tout à fait exceller dans son art s’il est prêt à consacrer du temps et de l’énergie à sa passion. La création littéraire est avant tout un processus de transformation des idées, des émotions et des expériences personnelles en mots, ce qui exige une profonde introspection et une capacité à persévérer face aux doutes.
L’écriture demande de l’endurance, une capacité à affiner son style à travers des révisions répétées, et une volonté constante de s’améliorer. L’essentiel est d’avoir une vision claire de ce que l’on veut exprimer et de s’engager pleinement dans le développement de ses compétences, car c’est cet engagement qui nourrit le talent brut et le transforme en véritable art.
Des limites à prendre en compte
Cependant, il est important de noter que ne pas aimer lire peut également présenter certains inconvénients pour un auteur. Un manque de références et de culture littéraire peut limiter les repères d’un auteur et l’empêcher de s’inscrire dans une tradition littéraire, rendant plus difficile l’élaboration de concepts originaux ou le dialogue avec des œuvres existantes.
La difficulté à cerner les attentes des lecteurs peut nuire à son succès, car un auteur/une autrice qui ne lit pas peut avoir du mal à comprendre les goûts et les attentes de son public, ce qui peut rendre ses écrits moins attrayants.
De plus, une richesse de vocabulaire et de style moins grande peut également être un handicap. La lecture permet d’enrichir son vocabulaire et d’affiner son style d’écriture, ce qui peut manquer à un auteur/une autrice qui ne lit pas, limitant ainsi la variété et la profondeur de son expression.
Notez également que le risque de plagiat involontaire est plus important pour un auteur qui ne lit pas, car il s’expose davantage à copier involontairement d’autres auteurs, n’ayant pas conscience des œuvres existantes et des thèmes déjà explorés.
L’écriture est loin d’être un simple rêve ou une aspiration, c’est avant tout une pratique concrète qui requiert un engagement continu.
J’aime beaucoup cette citation de P.D. James, célèbre romancière britannique de genre policier, que j’ai découverte il y a peu :
“On devient écrivain en écrivant. Ce n’est pas en rêvant d’être écrivain qu’on le devient.”
C’est une phrase qu’elle a dite lors d’une interview dans la célèbre revue littéraire The Paris Review et qui fait écho au fait que pour atteindre l’excellence littéraire, il ne suffit pas d’avoir des ambitions élevées. La transformation du talent en compétence véritable passe par la régularité et la discipline dans l’acte d’écrire. Chaque mot écrit, chaque phrase construite contribue à affiner l’art de l’écrivain(e). La persévérance dans l’écriture, même face aux défis et aux doutes, est ce qui forge un auteur ou une autrice accompli(e).
Cependant, la lecture joue aussi un rôle crucial dans le développement d’un(e) écrivain(e). Ray Bradbury, connu notamment pour son roman Fahrenheit 451, l’exprime d’ailleurs très bien :
“Sans livres, l’histoire est muette, la littérature est muette, la science est paralysée, la pensée et la spéculation arrêtées.”
Cette phrase, est justement tirées de son plus célèbre ouvrage et évoque, à mon sens, l’importance de la lecture et de la culture littéraire, soulignant qu’un auteur ou une autrice qui ne lit pas peut se retrouver limité dans sa compréhension des traditions littéraires et des contextes culturels.
La lecture enrichit non seulement le vocabulaire et le style, mais elle fournit également des repères essentiels et une profondeur de pensée qui peuvent grandement nourrir l’écriture.
En somme, bien que l’écriture soit un acte créatif qui requiert du travail acharné, elle s’épanouit pleinement lorsqu’elle est soutenue par une riche culture littéraire.
En conclusion, s’il est indéniable qu’aimer la lecture est un atout certain pour un auteur ou une autrice, ce n’est en aucun cas une condition sine qua non. Grâce à son talent, son imagination, son travail et sa persévérance, un auteur ou une autrice qui n’aime pas lire peut tout à fait créer des œuvres de qualité.
Cependant, il est important d’être conscient des limites que peut imposer le fait de ne pas lire et de prendre des mesures pour les compenser.
Et vous, qu’en pensez-vous ? Est-il possible d’être un auteur ou une autrice passionné(e) sans être un lecteur ou une lectrice assidu(e) ?
N’hésitez pas à partager votre opinion dans les commentaires.
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